Le Social Club – Manifesto 1.0

Publié par Niko_DdL le

Le « Social » Club ? 

Mars 2016, la France fut traversée par un violent mouvement social contestant la réforme du code du travail. 

C’est dans ce contexte que, à partir du 31 Mars 2016, je participais pelle-mêle à : une bonne partie de ces manifestations contre la dite « Loi travail », à quelques assemblées populaires ‘‘Nuit Debout’’, ainsi qu’a de nombreux débats sociétaux sur les réseaux sociaux. Et je constatais alors que je manquais parfois de sources dans mes interventions sur internet, et très souvent d’arguments dans les débats IRL (j’ai ce défaut dans la vraie vie des gens qui parlent autrement que par clavier interposé d’être beaucoup moins spontané que je ne peux le sembler par écrit). Sommes toutes, je ne rendais pas honneur à mes opinions politiques que forgées au coin d’une certaine part d’histoire à la fois sociale et populaire. Pour ce que j’en savais, beaucoup des problématiques sociales actuelles se retrouvaient dans le passé, et elles avaient des origines historiques assez violentes, voir sanglantes. Mais il m’était compliqué de les mobiliser facilement.

Ce mouvement social de 2016 dura plusieurs mois et se conclut dans un sentiment d’échec, notamment victime d’un manque d’implication populaire, et de culture socio-politique.  

Quelques mois plus tard, alors que la France était cette fois en plein débat présidentiel, je prenais la résolution de me consacrer au sujet des luttes sociales et des conquis sociaux (1), notamment sous l’angle de la vulgarisation et de l’approche historique. 

Petit à petit l’idée du Social Club naissait donc, à mi-chemin entre politique, histoire, sociologie, vulgarisation et popculture – et le Picon-curaçao-citron n’a qu’à bien se tenir.

Problème essentiel : je ne suis ni historien, ni sociologue, et encore moins anthropologue ou politologue…. et justement ! Car de fait je suis bien placé pour connaître les défauts des universitaires par rapport aux formes populaires de vulgarisation ; et, surtout, par rapport un public qui s’intéresse (trop !) peu à ces questions. 

En cela je me réclame (c’est peut-être un peu prétentieux ?) des mouvements d’éducation populaire. Une forme de partage de savoir, d’étude et de réflexions qui part du terreau des classes populaires et pour en extraire un savoir commun, une culture qui se reflète souvent dans des thèses universitaires. Le principe c’est que nous n’avons pas à être des experts pour avoir des choses à dire et en tirer de l’expérience, des constats  et/ou des solutions ; et au contraire qu’à trop nous taire pour ne laisser la parole qu’aux experts de tous poils, on en vient à tomber dans une forme d’élitisme technocratique des plus dangereux. Et adieu démocratie. S’il est primordial de se réapproprier la parole, j’opte pour une vision populaire de ces disciplines qui me semblent essentielles, afin de faire le lien entre les théories universitaires et le champ populaire. 

Alors certes, je manque de méthodologie de recherche, ce qui me vaut de grosses pertes de temps, surtout quand on a déjà un emploi à plein temps et une vie sociale relativement remplie en dehors de tout ça. Mais je fais en sorte de travailler suffisamment mes sujets pour les maitriser autant que faire ce peu. En outre, j’ai un esprit critique assez aguerri pour ne pas prendre pour argent comptant le premier blog venu, recouper les sources (plus de 18 ans que je parcours les recoins les plus étranges du World Wide Web, tu parles si j’ai développé un esprit critique quant aux sources…) … Il reste à éviter les biais et sophismes, probablement un point des plus complexes pour moi, vu mon manque de formation argumentative académique. Mais je ferais amende honorable en expliquant autant que possible mon point de vue personnel de manière transparente, comme je le fais ici de ma démarche et de la genèse de ce site. Et, si je ne démonte pas mes biais à priori, je me laisse une chance de les démonter à posteriori ;  les billets sont datés à cette fin. Enfin, j’ai bon espoir de les voir démonter également mes biais pas les commentaires que je laisse ouverts publiquement (et advienne que pourra) ; en dehors de la modération de spambots hors sujets. 

De la torpeur et des leviers 

Le constat de départ est simple : le paysage social est attaqué de toute part et l’on ne voit plus quelle forme de lutte peut sauver le peu qu’il reste des meubles. Les masses sont déconnectées des organes représentatifs et se sentent impuissantes. Les organes représentatifs, quant à eux, se voient vidés du volume militant qui faisait leur poids politique par le passé. Et le peu qui reste sombre parfois dans la caricature allant du « syndicalisme jaune » aux « cortèges Mojitos » en passant par toutes les formes de corruptions et de carriérismes possibles ou aux incompréhensions entre les modes de luttes.  L’impuissance se nourrie ainsi, en un cercle vicieux. 

Le paradoxe de ce sentiment d’impuissance, c’est que l’on a beaucoup de moyens d’avoir réellement prise sur le monde quand on prend la peine de chercher un peu, que l’on prend le temps de s’y consacrer, ou d’aller au delà des caricatures utiles au status quo. Mais ces leviers ont été tellement discrédités et ringardisés durant ces dernières décennies qu’ils sont boudés et neutralisés de fait, comme on le ferait d’une arme à feu dont on aurait retiré le canon. Le mécanisme est là, le projectile aussi. Mais il n’y a plus rien pour guider la propulsion, et quand le percuteur vient frapper le cul de la cartouche, cette dernière tombe au sol sans même avoir détonné. L’effet, ridicule à souhait, nourrit le sentiment de vacuité de l’ensemble.

Alors que faire ? D’un côté nous avons des organes de lutte, de l’autre des masses désespérées, désabusées ou méfiantes de ces organes, et au milieu des universitaires qui tentent de joindre les deux avec plus ou moins de succès, de par une approche assez théorique ; et, je pense, parfois même un peu trop. 

Il manque une courroie de transmission pour faire ruisseler (haha !) ce savoir de luttes et le rendre plus accessible encore. 

C’est précisément ici que se situe le rôle du Social Club. Et vulgariser, vulgariser, vulgariser. 

Je ne pourrais pas faire tout ce travail de transmission à moi seul ; et je n’en ai évidemment pas la prétention. Mais ma motivation première est de me placer dans cet espace vide, cette faille. Alors si j’apporte ma petite pierre au partage de savoir de luttes, ce sera déjà une modeste victoire. 

L’idée est d’être un élément de transmission de savoirs, de le faire à ma manière, et de dire que l’on peut parler de luttes sociales simplement, sans nécessairement être universitaire, ou entrer dans le dur de la théorie socio-économique ou du détail historique.

Le Social « Club » : un club de combat social.  

Pour ce faire, j’ai beaucoup (trop !) de choses en têtes, de champs, de registres, d’axes (même si mon manque de formation universitaire fait que je confonds un peu ces notions). 

L’histoire est un prisme de lecture qui me tient particulièrement à cœur, car il me semble primordial de resituer les tenants et les aboutissants des conquêtes sociales au fil des siècles. D’autant, comme je le disais plus haut, qu’elle est une grille de lecture très intéressante du présent, voire de l’avenir, et un champs nourri d’un nombre formidable d’expérimentations dont certaines sont soigneusement reléguées au second plan de l’histoire que l’on nous enseigne – ou que d’autres promeuvent… 

Mais oublier ce qui a forgé les conquis sociaux, c’est se condamner à revenir à la situation qui les a précédés ; au nom d’un prétendu ‘‘modernisme’’ qui ne manque d’ailleurs pas de cynisme. 

Resituer les figures qui ont fait les acquis est également un axe intéressant. Voir certains hommes politiques rendre des hommages, où se réclamer d’un certain héritage est une profanation notoire, impunie tant qu’elle est incomprise par le ‘‘jury’’ que constitue l’opinion populaire. 

Il me semble également important de resituer les instances représentatives, aussi bien dans l’histoire dont elles sont forgées, que dans leur buts fondateurs, les comparer à leur image actuelle, leur redonner leur importance, et les rendre accessibles, compréhensibles au plus grand nombre. Le paradoxe, c’est que certaines ont été construite pour répondre à certains enjeux tout à fait d’actualité.

Démonter les poncifs et les lieux communs sur les conquis sociaux est enfin un autre axe primordial pour réarmer le débat social, ou plutôt désarmer ceux qui en usent et en abusent. 

Ce blog (et ce qui en découlera, puisqu’il est une pierre dans mon plan machiavélique de conquête du monde par des lapins-garous) part d’une observation très concrète, très ancrée dans la vie des ‘‘masses laborieuses et populaires’’, et de leur oublis de cette histoire sociale. Les classes populaires sont donc à la fois un point de départ et une cible, le premier public auquel je m’adresse. Et mon but est de leur rendre ces armes culturelles (culture politique, historique, sociologique…) qui leur ont été confisquées par les ‘‘experts’’ évangélistes du vide et prédicateurs  de l’individualité des « petites gens ».

Des armes, des chouettes des brillantes.  

Alors ici, l’on trouvera également un probable fouillis de ce qui nourrit mes réflexions et le travail que je mène. Des éléments qui gagnent à être partagés et que je consigne ici afin de les regrouper et de les trier selon mes propres mots clés de recherches (les étiquettes seront utiles en ce sens et ce site et aussi un outil pour moi). 

De la suggestion de vidéos, de la critique de films ou de documentaires, suggestions de livres, de blogs, d’auteurs, d’articles repris d’autres sites  et des réflexions personnelles d’actualité (même si j’essaierai autant que possible de ne pas me faire happer par l’actualité ‘‘brûlante’’ ou les faits divers), des articles sur des parties de l’histoire, des études historiques, de la présentation de figures historiques, du démontage de poncifs et de lieux communs, je me répète autant que j’en passe. 

Je bouillonne d’idées et si le temps ne me faisait pas tant défaut, ce blog serait déjà nourri de centaines de pages. 

J’ai conscience que tout ceci semble éminemment foutraque présenté ainsi, mais je mûri ce blog depuis longtemps (c’est pour cette raison que je date le Social Club de 2016 alors que je publie ce manifeste 2 ans plus tard), la structure et les catégories sont donc déjà prête dans l’arrière cuisine depuis un moment, et elles s’étofferont progressivement pour l’aspect public.   

Postulats  

Enfin, je l’ai dis plus haut, je trouve primordial de préciser ‘‘d’où je parle’’ et de donner la somme de mes prétentions. 

  • Personnellement je suis engagé, militant et (relativement) radical. De fait, Le Social Club est fondamentalement un outil militant. Il propose donc une vision qui est teinté d’un parti pris parfaitement assumé.  Si beaucoup se réclament d’une objectivité absolue, je suis d’avis qu’elle est impossible. Ceux qui s’en réclament (notamment par le fameux ‘‘discours du réel’’) sont d’ailleurs généralement ceux qui ont la vue la plus biaisée.  
  • Je ne serais pas d’accord avec tout le monde. Dans mes billets j’exprimerai parfois un point de vue personnel, que j’essaierai de signaler autant que possible. Aussi, il est probable que je froisse quelques dogmes de mon propre camp ; mais c’est aussi un des intérêts de ce territoire d’expérimentations.
  • J’essaierai autant que possible d’éviter le clivage bête et méchant, le mépris et la critique débile, non-constructive. Je suis d’avis que si la critique est nécessaire, mais qu’elle n’est mature que quand elle propose des solutions, des alternatives. En dehors de cette démarche, elle n’est qu’un défouloir. 
  • Je n’ai pas raison. Point barre.
    Cela rejoint le premier point et mon passage sur l’objectivité et la subjectivité. Mais le fait est que je n’ai pas prétention d’avoir raison de manière absolue, juste d’exprimer un point de vue propre. Même sur l’Histoire, je suis d’avis que celle-ci à plusieurs niveaux de lectures, plusieurs degrés, plusieurs angles. On trouve en la matière nombre de personnes pour présenter une vision de l’Histoire tout à fait biaisée, et ce quel que soit leur positionnement politique, sans pour autant que ces biais ou parti pris soient affichés.  
  • Si j’essaie d’être transparent quant à mes source il est possible que j’en oublie ou que je ne décompose pas complètement mon de vue pour éviter une digression trop longue. Cependant, ils sont souvent fondés et réfléchis, donc tout à fait objet à des remises en question, des réflexions ou des critiques constructives. A bon entendeur…
  • Quand bien même je ne suis pas universitaire, j’estime avoir toute légitimité pour mener mes analyses, mes investigations et exprimer mon point de vue propre.
  •  Les contenus partagé d’autres sources, d’autres sites web, seront exclusivement des contenus disponibles gratuitement et librement. Partagé en vertu du droit de citation ou de la licence libre. Je renverrais systématiquement vers les sites source, dès le début des publications afin de désamorcer toute ambigüité. Enfin n’ayant pas les droits des articles, je m’engage à les retirer si jamais les ayants droits (auteurs ou éditeurs) me demandaient de le faire ; et ce à n’importe quel moment (je les passerait alors en visibilité privée, réservée aux auteurs de ce blog).
  • Enfin, mes billets ne sont pas une pensée finie. En cela je renverrais vers l’introduction parfaite que Geoffroy de Lagasnerie faisait dans sa conférence intitulée « Pour une éthique des œuvres » en Avril 2016 (2). La pensée est en mouvement perpétuel, les opinions de tout un chacun changent et évoluent au fil du temps, des critiques, des réactions. Or les billets publiés ici sont des instantanés et les commentaires sont publiques et libres. Au même titre que l’on ne critiquerait pas la garde-robe d’une personne sur un unique portrait, il serait fallacieux de tirer des conclusions inaltérables sur mes points de vue sur un simple billet ou de plusieurs.
    Dont acte, le ‘1.0’ du titre de ce ‘‘manifeste’’ témoigne du fait que ce Manifeste lui-même soit susceptible d’évoluer. 

C’est une forme d’hygiène de transparence dans ma démarche que je signe dans ce manifeste. Et j’espère ben arriver à la maintenir. 

Le tout de mes intentions étant annoncé, il ne me reste qu’à vous remercier de l’attention que vous prêtez à mes écris, ou mes pérégrinations virtuelles et de vous souhaiter une chose : 

Bienvenue au Social Club. 

 

(1) J’emploie volontairement le moins possible de terme « acquis sociaux », car ils ne sont pas acquis, mais bel et ben ‘‘conquis’’. Ils ont été les fruits de luttes sociales, qui ne sont jamais vraiment terminées ; il n’y a qu’à voir le démantèlement auquel on assiste ces dernières années. On prête une citation à Ambroise Croisat à ce sujet : « Ne parlez pas d’acquis sociaux, parlez de conquis sociaux, parce que le patronat ne désarme jamais ». Si je n’en connais pas la véracité pour ne l’avoir jamais sourcée, je m’inspire de la dynamique qu’elle invoque.

(2) La seule source encore disponible relativement publiquement au jour où j’écris se trouve (malheureusement) sur Facebook. https://www.facebook.com/419468554743866/videos/1829906680366706/

Catégories : La Fabrique

1 commentaire

Jean Renée Boutdebois · 27 mars 2018 à 22 h 22 min

Pouet !

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