Aric McBay à propos de Deep Green Resistance.

Publié par Niko_DdL le

Suite à quelques remous dans le milieu de l’écologie radicale, j’ai trouvé essentiel de traduire cette partie d’interview de l’auteur Aric McBay.
En effet, si en 2011 l’auteur des livres Full Spectrum Resistance a bel et bien participé à l’écriture du premier tome de
« Deep Green Resistance – Strategy to Save the Planet« , aux côtés des auteurs américains Lierre Keith et Derrick Jensen ; le canadien s’est rapidement écarté de ses confrères après que ceux-ci aient transformé l’ouvrage en « mouvement »/ONG.
En 2013, il publiera donc un communiqué, expliquant les raisons de son éloignement de DGR (à retrouver en anglais sur son propre site web https://www.aricmcbay.org/2013/05/14/dgr-and-transphobia/).
Et si, en France, on associe ce théoricien des mouvements de résistance au mouvement DGR, c’est un raccourci notoire, dont le premier concerné se défendait encore en juillet 2020, au micro de l’émission
Final Straw dont l’extrait, traduit ci-dessous, est tiré.

Enfin, si j’ajouterai que cette traduction n’est certainement pas parfaite, j’espère néanmoins qu’elle respecte le fond du propos. Dans le cas contraire, je remercierai les correcteurices de bien avoir l’amabilité de me faire part directement de mes erreurs en commentaires, ou par tout autre moyen (FB ou Twitter du Social Club).

Bonne lecture. Niko_DdL


Source : https://youtu.be/RUg4_KQcnik?t=3605 à partir de 1:00:05

[Journaliste : ] Les gens qui connaissent votre travail savent que vous êtes co-auteur du livre Deep Green Resistance [DGR] aux côté de Lierre Keith et Derrick Jensen. Mais DGR, au-delà du livre, est également un mouvement (…). Cependant je sais que vous avez quitté DGR et vous avez fait une déclaration publique sur vos raisons de ce départ mais pourriez vous nous ré-expliquer ici, parler du groupe, et des raisons qui ont motivé votre départ.

[Aric McBay]Biensûr. En écrivant DGR, mon intention était d’aider les gens à saisir toute l’urgence climatique et à mieux comprendre certaines des tactiques nécessaires pour s’attaquer à ce problème.
Je pense que depuis 10 ans, il y a une meilleure compréhension du fait que nous faisons face à une urgence climatique, et de la nécessité d’y répondre avec des actions plus directes. Dans cette démarche, je n’avais pas l’intention de monter un groupe en ce sens, même si je peux comprendre que d’autres personnes fassent déjà ce genre de travail dans d’autres organisations, qui incorporent heureusement cette analyse, ou aident à mobiliser de nouvelles personnes. Et quand certains des auteurs de ce livre on fait « Hey on devrait monter une organisation avec ça » j’ai dis « Ouai, bon.. OK ». Et… j’ai participé à ça sur une toute petite période… quelque chose comme, juste quelques mois, car malheureusement quand les groupes se forment, vous savez, et les gens commencent à s’organiser, à faire des genres d’entraînement, de conférences, et mes co-auteurs se sont montrés très transphobes.
Il y avait des personnes qui demandaient très raisonnablement si iels pouvaient utiliser les toilettes publiques [genrées] quand ils venaient à ces événements, et mes collègues leurs répondaient « Non ! »

Vous savez, ça me fait penser à ce qui c’est récemment passé avec JK Rowling, et au lieux de répondre à cette critique, au lieux de répondre aux personnes concernées par ces sujets, ils ont vraiment sur-enchéris d’une manière qu’il me devenait impossible de travailler avec eux, ou avec cette organisation. Je suis quelqu’un qui soutient pleinement la cause des droits et de l’inclusion des trans, et j’ai trouvé cette attitude anti-trans tout à fait détestable et totalement destructrice. Et c’est notamment pour ça beaucoup d’organisateurs expérimentées en lien avec cette organisation sont parties après ça, de manière tout à fait compréhensible. Donc ça a été très décevant, déchirant, et je pense que le choix qu’ils ont fait à détruit les fondations mêmes de cette organisation. Le potentiel de cette organisation à être efficace, pour être une mouvement viable ; à cause d’une attitude toxique. Et… je crois qu’en général il faut donner une chance aux gens de changer leur opinion, ou d’apprendre de leurs erreurs ; car il n’y a pas d’organisation parfaite, il n’y a pas de mouvement parfait. Il doit y avoir une liberté de croissance ou d’amélioration, il doit y avoir une liberté pour que chacun tire une expérience et apprenne. Mais d’un autre côté, s’il est clair que quelqu’un ne va pas laisser cette ouverture, je ne peux pas continuer à travailler avec, car ce n’est pas une bonne utilisation de mon énergie, et je ne veux pas être connecté à une organisation qui sera transphobe or qui alimentera n’importe quel autre type d’oppression.

Donc, ça a été une expérience très décevante, de plusieurs manières. Mais je pense qu’il y reste beaucoup de contenu d’importance dans le livre DGR. Je pense qu’il a toujours un impact bénéfique qui peut aider des communautés ou des sub-cultures à accélérer leur compréhension de l’urgence climatique. C’est juste décevant que ce soit arrivé à ce résultat…
Heureusement, ça peut être une leçon pour d’autres activistes, dans le futur, et d’autres organisations, pour être, dès le tout début de l’organisation, de définir des règles de base bien plus claires et des chartes plus directes pour lutter contre les oppressions, à propos desquels chacun devra se mettre d’accord. Je crois que beaucoup de mouvements et d’organisations peuvent émerger dans une sorte d’approche ad hoc, et d’union décentralisée. Mais je pense qu’il est important de marquer ce point d’arrêt pour être sûrs que l’on est sur la même page sur ces sujets ; avant de mettre trop d’efforts dans l’organisation et de trop s’y impliquer.

(fin à 1:04:58)


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