L’écolo-cuistre qui bredouillait à l’oreille des trous noirs (Pour en finir avec les « appels à la cause écologique »)
Réaction rapide à un énième appel à la prise de conscience du problème écologique.
Une critique de fond à l’acide, mais certainement pas mal intentionnée (malgré ce photomontage honteux), qui fera une occasion parfaite d’inaugurer cette catégorie « PoliTrollogie ».
J’en parle ici, car à mes yeux les problèmes sociaux et écologiques se rejoignent quand on en est à critiquer plusieurs aspects de la société et ses mécanismes, d’autant qu’il est question dans l’appel qui sert de point de départ que ce soient les politiques qui s’emparent du sujet.
Attention c’est un essai d’article long (3600 mots) et de critique graduelle, c’est volontairement écrit sur le ton du troll, il y a beaucoup de liens (dont des sources, mais aussi des memes et des vidéos pour alléger le propos), mais je tenais VRAIMENT à donner une interprétation de cet appel. Et je précise que c’est une interprétation critique, faite pour exercer le propos, le pousser dans ses retranchements, et le porter plus loin.
Je n’ai rien de personnel contre Aurélien Barrau, c’est sa posture que je critique.
Ceci étant précisé : pouf pouf…
Depuis la publication de cet appel, l’astrophysicien Aurélien Barrau, manifestement rédacteur et porte-parole de la déclaration, enchaîne logiquement les interviews pour parler de son initiative. Là, il n’hésite pas à dire qu’il faut avoir des politiques ambitieuses, que notre monde est en danger, et que pour faire face à l’urgence, il faut agir vite et fort…
De prime abord, l’initiative semble tout à fait louable, et l’appel est probablement rédigé et signé en toute bonne foi. Cependant, en se penchant un peu dessus, il pose pas mal de problèmes, tant dans sa forme que dans son analyse, ou par les personnes qu’il implique.
Quant à sa portée éventuelle, elle sera très probablement limitée et c’est tant mieux, car sous un air simpliste et consensuel, elle cache des perspectives potentiellement dramatiques.
En résumé, cet appel offre un exemple presque parfait de ce qui pourrait se faire de pire en la matière. Et ce serait dommage de ne pas le détricoter.
Chronique d’un antépénultième non-événement
Parlons brièvement de la forme pour commencer légèrement.
Quand on prend un peu de recul sur ces appels, il n’y a pas long à faire pour voir qu’ils ne sont jamais qu’une version moderne des grands raouts du Charity Business.
La forme est vaguement la même : on réunit un certain nombre de personnes éminemment connues dans le but de créer un appel d’air vers une cause donnée.
Mais si jadis, ceux-là servaient surtout de prétextes aux membres de la haute société de développer leur réseau, aujourd’hui elle lui sert tout juste à acquérir une bonne conscience toute médiatique. Les enjeux sont mis à jour, mais l’investissement de ceux qui s’y engagent est revu à la baisse.
En l’occurrence, on aura probablement reçu par un ami le texte en question que l’on aura lu. Suivi de la question fatidique, que j’illustrerais d’un *prénom fictif, pris au hasard :
« On cherche un certain nombre de personnes pour signer cet appel, avec Tartuffe*. Tu signes ? »
Et l’on se sera contenté de répondre par l’affirmative. Un peu de lecture et une réponse brève. On a connu engagement plus héroïque pour défendre la veuve contre l’orphelin…
Cependant, pour ce qui est de la portée, il ne semble pas que la faim dans le monde n’ait jamais été éradiquée, fut-ce par un bal de charité ou par une tombola.
On ne peut pas en vouloir à la technologie de simplifier l’engagement à l’extrême. Mais puisque les leviers d’hier produisaient déjà les mêmes effets (nuls) que les moyens amoindris d’aujourd’hui, on peut rapidement se dire que cet appel aura (malheureusement en un sens et heureusement dans un autre) à peu près autant d’impact fondamental que Heal The World ou La Chanson des Enfoirés…
Dans l’entretien qu’il donnait à Thinkerview à ce sujet, Aurélien Barrau affirmait d’ailleurs d’entrée de jeu qu’il est tout à fait à prévoir que cet appel, comme les autres, ne changera absolument rien. Voilà pour l’absurde.
Mais puisque faire quelque chose c’est déjà mieux que rien (dixit lui même), on peut dire que le point est marqué pour la case « bonne volonté ».
Ensuite, au-delà de la médiatisation à peu de frais, admettons que certains lecteur voient leur conscience d’une relative ampleur du problème écologique se développer un tantinet grâce à celui-ci. D’une part se serait à peu près le seul effet concret souhaitable, mais il est toutefois assez probable que beaucoup n’attendrons pas plus de 10 minutes pour passer de ce constat à des comportements parfaitement dissonants, quand ce ne sera pas à un déni total de… de… De quoi ça causait au juste, le chevelu, là ?
Et demain ces fameux signataires – dont une partie notoire est à peu près millionnaire – se presseront à nouveau pour être de ceux qui enjoindront les prolétaires, soit à aider les plus pauvres, soit à faire un peu attention à leur consommation de plastique, bon sang !
Et retour.
A la case.
Départ.
Alors, certes, la méthode est nulle et le geste tout à fait insuffisant face à l’enjeu, mais en prime cet appel (comme tant d’autres) ne montre qu’une facette du problème en se limitant au seul aspect écologique alors que les causes sociétales sont bien plus profondes. Ce que l’on pourrait prendre pour une petite condescendance et un petit argument d’autorité, tous deux maladroitement contenus dans la déclaration, en sont d’ailleurs d’autres facettes.
Car oui, le problème est tout à fait systémique et s’étend sur de nombreuses dimensions.
L’acte semble donc tout au mieux pétri d’une volonté de donner, à peu de frais, des gages de bonne conscience à ces signataires en offrant au passage un divertissement, une diversion, tout aussi problématique puisque partie prenante dudit problème de fond (elle aussi).
Or donc, puisque partant d’un mauvais diagnostic on de fait que mauvaises prescriptions, en ne se penchant que sur un seul aspect du problème, l’appel enjoint les politiques à se lancer « youkaïdi, youkaïda ! » dans une solution qui ne saurait déboucher sur rien d’autre… qu’un cul de sac.
Mais soit ! Admettons qu’il ait un impact, cet appel.
Et ce au mot prêt. Juste pour voir les idées qu’il propage.
La soupe aux grumeaux
« Faisons quelque chose. Et n’hésitons pas à être impopulaires, tant que l’on agit pour sauver la planète ».
Voilà en substance ce que dit cet appel, et Aurélien Barrau n’hésite pas à en appeler à des actions politiques limitant la liberté de chacun à polluer, dans des déclarations qui semblent être pétries d’une naïveté aussi béate que ce que la cause est primordiale et l’ampleur de la tâche énorme.
Alors certes, l’enjeu est tout à fait collectif et les contre-mesures doivent avoir l’échelle la plus large possible.
Aucun doute non-plus que ces mesures doivent également être drastiques par rapport à notre mode de vie occidental, consumériste et pétri de capitalisme prédateur, destructeur, meurtrier… j’en passe.
Mais sous ces pavés de bonnes intentions mettons l’idée liberticide (puisque c’est le terme) en perspective dans notre société actuelle ; notamment en maintenant les strates sociales telles qu’elles existent de nos jours. Et pour l’illustrer, dressons un parallèle, en prenant l’exemple du problème actuel qu’est l’exil fiscal.
Tout un chacun sait pertinemment que la fraude fiscale est un problème social majeur mondial.
Rien qu’en France, elle est estimée à 100 milliards par an.
La juguler pourrait donc résoudre l’ensemble du déficit budgétaire, tout en évitant la restriction des services publics (hôpitaux, écoles, entretien d’ouvrages publics…), et cela participerait même à la réduction des inégalités sociales.
A l’échelle mondiale, on estime que les fraudes fiscales pourraient sauver 8 millions de vie.
Une paille !
Alors sur le plan écologique, pour quelle raison les choses se dérouleraient différemment de ce qui se passe actuellement sur le plan fiscal ?
*suspens*
Aucune.
*silence*
Absolument aucune :
– Les plus riches feront tout pour se soustraire aux restrictions,
– Ils prioriseront le maintien de leurs privilèges avant toute chose,
– Tout en continuant de servir de modèle de réussite sociale.
– Les strates sociales inférieures, mimant leurs ‘‘signes extérieurs de réussite’’, adopteront des comportements similaires aux leurs,
– Tout en collaborant activement aux gâchis des premiers, par l’activité rémunérée par les premiers, et qui leur permettra de s’approcher un peu de l’idéal de réussite qu’ils visent (mais pas trop, parce que faut pas pousser, et puis, après tout, l’espoir d’une amélioration reste le meilleur moteur du monde, non ?).
Même leviers, même effets, et rien de neuf sous le soleil de la société occidentale. Merci, bonsoir !
Et pis encore, puisque la cause écologique limiterait la productivité à sa source même, il est certain que les sauf-conduits seront des plus rapides à être distribués ; en priorité aux multinationales « too big to fail ».
Que l’on applique ces « mesures impopulaires » ci-invoquées, avec les mêmes modèles, le même système, les mêmes stratégies, les mêmes séparatismes, le serpent se mordra toujours autant la queue.
Et quelles que soient leurs éléments de communications, ceux qui en ont les moyens trouveront toujours à se faire créer des leviers tout à fait légaux pour s’affranchir librement des contraintes, aux dépends du bien commun.
Les degrés de contraintes ou de coercitions ne changeront que pour ceux qui n’auront pas le luxe de s’affranchir des limitations. Pas de bol, les pauvres !
Fi donc ! Le pot est fêlé, les légumes sont pourris, et la recette éculée… alors gardons-nous bien d’avaler cette soupe rance au prétexte de ce joli ruban que la Société du Spectacle place au bout de la cuiller, sans même voir ce qu’elle a compoté là.
Car en poussant à la saturation le principe de cette solution en trompe l’œil, il n’y a qu’un pas à faire pour sombrer dans une dystopie tout à fait dramatique.
Une porte béante sur un écofascisme au service des plus riches
Dans une rapide mise en perspective, Nicolas Casaux (Deep Green Résistance France) alarme sur le fait que ce modèle coercitif et liberticide tendrait directement à un écofascisme totalitaire. Et en prenant en compte toutes ces données, on peut effectivement voir cette dérive se dessiner avec aisance, à l’ombre des bonnes intentions parfaitement consensuelles.
Après tout, une bonne dictature s’installe toujours sur la base de ce qui semble être de nobles idées. Toujours.
Sans remise en cause radicale du modèle sociétal, sans abolition des castes sociales par la suppression des inégalités qui les composent, il n’y a donc aucune raison de croire que les choses puissent se dérouler autrement qu’aux dépends des plus pauvres. Et d’une manière tout à fait cruelle de surcroit.
Des promesses contradictoires n’engageraient que ceux qui y auraient la folie d’y croire, et, demain comme aujourd’hui, l’effet de ciseau aura tôt fait de se refermer sur les crédules sans même qu’ils ne se rendent compte de leur implication, aveuglés par les sirènes du divertissement.
Les moins dupes, quant à eux auront probablement déjà fait de longue date les frais de la répression idoine que ne cherche même pas à dissimuler cette fameuse demande de ‘‘mesures potentiellement impopulaires qui en résulteront’’ (sic).
Répression appliquée par les crédules, sans aucun doute.
Alors regardons attentivement la liste des signataires de ces appels.
Non pas pour les fustiger nommément, ce serait trop simpliste et proprement idiot, mais plutôt pour mettre en perspective leur train de vie, leur surconsommation, la pollution qu’ils génèrent, et le modèle qu’ils représentent…
Ils font indubitablement partie de ces plus riches qui façonnent le monde, dont parle Hervé Kempf. Aussi bien matériellement par leur train de vie, que moralement par le ‘‘modèle de réussite sociale’’ qu’ils donnent au public.
Tout ceci est parfaitement compatible avec la société écofasciste que Nicolas Casaux dépeint.
Et l’ensemble résonne enfin sinistrement avec le reportage que Douglas Rushkoff écrivait au sortir d’une rencontre avec quelques personnes parmi les plus fortunées du monde.
Le tableau est complet, et pour paraphraser une maxime connue, il est illusoire d’attendre des solutions de la part de ces gens qui sont pour partie à la racine du problème – car oui, ces signataires le sont.
Il n’est à point douter qu’ils feront tout pour ne pas être concernés, quitte à être impopulaires.
Et une fois acculés, ils n’auront d’autre priorité que de se sauver, eux mêmes, quitte à ne sauver qu’eux-mêmes.
Enfin, il est à noter que tant sur le plan financier, que médiatique, ou qu’en terme de popularité, ils ont bien plus de moyens que le ‘‘bas peuple’’. De fait il est simple de deviner qui pourrait bien servir de bouc-émissaire ou de variable d’ajustement s’il en fallait…
En poussant la critique jusqu’au procès d’intention risible de complotisme, on pourrait presque taxer les signataires d’avoir là un geste d’appel envers les gouvernements (puisque ce sont les destinataires de celui-là), dont le seul objectif est d’avoir un coup d’avance pour essayer de maintenir leur propre train de vie, à nos dépends, et de ne vouloir préserver de la planète que ce qu’elle leur offre de privilèges.
Dussent-ils y sacrifier une partie de ce qu’il leur est le plus cher : leur sacro-sainte popularité.
Dilemme : peut-on appartenir aux classes sociales supérieures ET être de bonne foi ?
On dira que je tire là un portrait on ne peut plus cynique et sombre de ces personnes.
Mais c’est bien par soucis de démonstration, pour montrer tout le danger de cette démarche à courte vue, que je le fais.
Car sous la naïveté apparente de ces signataires, j’espère tout de même qu’il s’en trouve quelques-uns pour être de bonne foi, ou tout à fait susceptible de prendre conscience un jour de la profondeur de leur propre implication dans le problème. Après tout, sur ce chemin, chacun fait le trajet à son rythme, et pour certains il est bien plus long que pour d’autres (oui, moi aussi j’ai le droit d’être un peu naïf et idéaliste à leur endroit).
Soyons clairs, quand bien même j’abhorre la superficialité de leurs »appels » comparé à leurs actes à peine visibles ; quand bien même je suis dégoûté de leurs engagements à la petite semaine qui ne vont pas plus loin qu’une signature de principe à un appel qui restera vain ; je ne fais pas la guerre à ces personnes.
Toutefois je veille à bien me prémunir de l’inverse, conscient que le rapport de force n’est pas à l’avantage de ma classe sociale, et que rien ne garantisse que la bienveillance de mes intentons soit réciproques.
Pour le reste, dans l’hypothèse où ces signataires serviraient potentiellement d’idiots utiles, je suis convaincu que ce serait surtout au profit d’autres qui sauront savent être bien moins scrupuleux qu’eux à broyer de l’humain pour en extraire des bénéfices et des privilèges…
Alors, que proposer pour qu’ils témoignent de leur bonne foi, et qui n’engendre pas à retardement cette guerre sociale sur fond d’écofascisme ?
Déjà, prenons les choses à la base. Plutôt que faire un appel à des mesures liberticides, on les invitera à regarder leurs propres dissonances, et à être »liberticides » envers eux mêmes en partant de constats tout simples sur leur propre vie.
Par exemple, ils pourraient faire leur propre bilan carbone, et notamment, pour la majeure partie des signataires, celui dédié à la carrière tout à fait médiatique qu’ils mènent par monts et par vaux.
Alors ils auront tout loisir de prendre personnellement les mesures nécessaires à réduire ce bilan.
Ensuite ils pourront tout à fait se servir de leur notoriété pour populariser ces actions concrètes.
Quitte même à se réunir dans des déclarations communes pour avoir plus d’impact.
Alors, l’on parlerait d’engagements. Concrets !
Et c’est faisable ! Pour preuve certains artistes le font, à l’image de Audrey Vernon qui a même lancé une pétition sur laquelle les personnes s’engagent à ne plus boire d’eau en bouteilles plastique, et qui est également à l’initiative d’une autre où il s’agit de ne plus prendre le moyen de transport le plus polluant au monde…
Simple.
Je ne crois pas qu’aucun des signataires du présent appel (ni des autres) ait rejoint ces pétitions. En tous cas, je n’en ai vu aucun communiquer à ce sujet.
J’ignore s’ils ont même commencé ce travail de mise en cause de chacune de leurs habitudes polluantes, chacune de leurs consommations issues d’une exploitation humaine ou animale digne de l’esclavagisme, de chacun de leurs comportements toxiques ou néfastes en tant que relai, et en tant que modèle dans une société médiatico-centrée.
Serais-je peut-être mal informé..? Je reconnais que je n’ai pas pris la peine de chercher cette information.
Cependant, je sais qu’ils signent des appels dont les portées sont liberticides et totalitaires, et ce avec la même facilité que je mettrais à m’enfiler tout un paquet de noix de cajou (oui, j’ai une bonne idée du bilan écologique de ces bonbons naturels ; promis, un jour j’arrêterai les noix de cajou).
J’en plaisante, pour ne pas en pleurer : je n’ai même pas eu à me baisser pour cueillir l’information.
Et c’est bien une partie du problème.
Pour changer les comportements, ce sont les modèles qu’il faut modifier. En ce sens, si ceux qui véhiculent les signes extérieurs de réussite sociale changeaient radicalement et visiblement de comportement, ils donneraient non-seulement un bel exemple, mais auraient tout le crédit d’être parfaitement raccord avec leurs déclarations à l’emporte pièce.
Et que s’appelorio ‘‘la cohérence’’.
Citoyens, encore un effort pour être tout à fait éco-logique
Mais pour aller au fond des choses, et avant de hurler à la prise de mesures digne d’un rationnement stalinien (Salauds, c’est rocher B !), je pense qu’il faut avant tout prendre conscience que le problème écologique fait partie d’un ensemble et voir le point commun entre tous les maux.
Nos modèles sociaux (occidentaux), comme la catastrophe écologique ne se sont réalisés que dans leur finalité : la marchandisation.
Une marchandisation qui avale tout, et dont je trouve personnellement que les propriétés sont tout à fait dignes d’un trou noir tant elle étire la matière et compresse le temps.
Alors, face à l’enjeu écologique, on parle souvent de faire le deuil de notre société de consommation. C’est tout à fait le sujet, mais la vue est encore un peu trop court.
Pour ma part, je pense que s’il faut faire le deuil d’une chose, c’est du capitalisme et des oppressions qu’il encourage : à savoir celles qui lui sont utiles. Sans cette perspective d’ensemble, radicale, je suis d’avis que tout effort sera probablement vain. Sans elle, on peut être sûrs que, là une multinationale, ici un multimilliardaire, auront tôt fait d’ouvrir des brèches pour faire prévaloir leurs intérêts personnels face à l’intérêt général.
Il ne s’agit pas de popularité, non. Il s’agit de lutte, d’engagement, tout le contraire d’un positionnement creux suivant le sens du vent. On entre alors en lisse du côté de celleux qui n’ont pas la chance d’avoir tout un système qui fait corps autour d’eux, ou de pouvoir recruter des agents à l’envie. Alors si les signataires de tous ces appels trouvent vraiment que la situation est urgente, qu’ils prennent position. Radicalement, et en actes plutôt qu’en mots creux renvoyés vers des hommes politiques pris corps et biens dans les ficelles du problème. Qu’ils dirigent visiblement un maximum de leurs efforts dans le sens d’une résolution complète, sous toutes ses facettes, y compris en se passant des politiques, de leur passivité, ou de leur corruption.
Se contenter du moindre effort, remettre l’enjeu entre d’autres mains, au pouvoir hypothétique de certains, n’est que démonstrations vaines, postures mondaines, gesticulations bourgeoises et attentismes absurdes…
Allons, si le pire serait que ces déclarations proprement maladroites soient efficaces, il serait plus à craindre encore qu’au motif d’une cause parfaitement consensuelle, personne ne remette leurs contorsions imbéciles en question.
Et le comble, enfin, serait que personne ne dénonce la dangerosité contenue dans la maladresse de leurs remues ménages de pacotille.
Dont acte.
Pour aller plus loin :
- Une autre interview, à mon avis bien plus pertinente, qui donne notamment quelques explications sur l’échec systémique des politiques face à l’enjeu en question. Isabelle Attard, ex-députée écologiste, y explique pourquoi elle s’est « radicalisée » (sic) en devenant éco-anarchiste :
- Il me semble également qu’il se passe des choses très intéressantes dans les « Chroniques Post Fin du Monde » de Alexandre Duclos, où l’anthropologue étudie le monde en partant du postulat que la catastrophe n’est plus évitable, elle a déjà eu lieu.
Réflexion d’actualités sur un monde repartant de zéro, en apprenant un peu des causes qu ont fait l’effondrement. Ici, le lien vers la playlist, au moment où j’écris il vient tout juste de publier son deuxième épisode, sur le travail, et c’est très prometteur).
Epilogue DIY : Voilà. Et alors que j’entamais l’écriture de cette critique, j’ai pris une nouvelle résolution dans la réduction de ma propre consommation : Celle de ne plus me servir à boire depuis les fontaines à eau qui peuplent les lieux de travail ou de passage, mais de me servir de préférence au robinet.
Ca fera un peu moins de filtres, moins de bouteilles de gaz (oui, en prime j’y buvais de l’eau gazeuse quand c‘était possible…), moins d’intervention de maintenance pour les fontaines en question, donc moins de pollution en cascade, et caetera, et caetera.
Ce n’est pas grand-chose, certes. Mais c’est toujours ça de pris. Comme dit l’autre verbeux qui ne voit même pas tout le séparatisme social qu’il met dans ses formules : « Σ > 0 ».
Ca aura toujours plus d’impact qu’un appel qui oublie que le contexte dans lequel il est lancé ne permet tout simplement pas sa résolution…Un appel lancé dans un trou noir.
Tiens, je viens de trouver un titre à cette critique. Il était temps…
[Affreux photomontage de couv : Niko_DdL, d’après l’interview de Thinkerview d’Aurélien Barrau de Septembre 2018 et une illustration random de trou noir. Pardon aux familles des templates. ]
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